Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le fil d'Hariane dans le labyrinthe des mots
Derniers commentaires
17 août 2006

Lost

L’avantage, quand on a touché le fond, c’est que les claques qu’on reçoit ensuite ne nous font pas descendre plus bas. Même si elles ne contribuent pas à nous aider non plus et qu’on leur aurait préféré une main tendue. Je suis donc assise, le cul sur les carreaux du fond de la piscine, en me demandant quand je vais enfin trouver la force de me pousser pour remonter. C’est à se demander si j’ai réellement envie de refaire surface… étrange sentiment…

J’ai opté pour la survie, soit d’assurer le service minimum et de ne pas avancer les choses que j’ai à régler quand je serais rentrée. Je suis venue ici pour me reconstruire et l’édifice est si précaire que je ne peux pas me permettre de l’exposer aux vents et tempêtes. Pas encore.

Je ne pensais pas qu’on puisse être si mal. Dans l’absolu. J’avais déjà eu des coups de blues et déprimes plus ou moins importants – qui n’en a pas, au cours de sa vie ? – mais je ne savais pas qu’il existait tant d’étages plus bas que ce que j’avais déjà connu. Je ne croyais pas possible, non plus, qu’un Autre puisse en être la cause. Qu’on pouvait donner tant d’importance à quelqu’un – c’est progressif, et inconscient tant que tout va bien - , lui faire une place si grande dans notre univers, que tout bascule avec Lui.

J’ai connu l’Amour. Le vrai. J’ai aimé à me perdre dans l’Autre. La fin de l’histoire est aussi douloureuse que le bonheur fut intense autrefois. Est-ce le prix à payer ? J’espère qu’avec le temps, je saurais apprécier le fait qu’il m’est été donné de vivre un tel amour et que j’en aurais relativisé la souffrance…

Je me croyais plus forte, c’est évident. Moins perméable aux actes, pensées, gestes d’Autrui. Même si je me savais fragile et que je me suis toujours protégée derrière un fort tempérament : je savais que je pouvais être atteinte, parfois cruellement, mais je ne doutais pas que je puisse encaisser, faire face et finir par surmonter. Oh je surmonte, peu à peu. Mais c’est un véritable chemin de croix. Misère !

Après un repli total sur moi, noyée dans les larmes et la douleur mentale si forte qu’elle en cause une physique, puis une semaine de sorties frénétique de type « Même pas mal ! Je sors, je bouge, je vis et je profite » tout à fait inefficace car ne me renvoyant que davantage à ma tristesse et à ma solitude au milieu de tous ces gens qui s’amusent réellement, j’ai totalement perdu pied, forcément. Il ne faut pas brusquer les choses. Nos proches nous encouragent, nous forcent à nous en sortir « pour notre bien », les Autres n’aiment pas les drames ni les larmes donc il faut se montrer sous un jour positif. C’est épuisant. Or on est déjà épuisé. Intenable. Totalement intenable.

Ici, j’ai retrouvé mes racines, des éléments inébranlables, qui n’ont pas changé et ne changeront jamais, des habitudes auxquelles me raccrocher pour redonner un rythme stable à ma vie, de l’affection vraie, entière et silencieuse, celle dont on est enveloppé par ces gens-là depuis la naissance et qui nous suivra tant qu’il seront là pourvu qu’on les laisse nous la prodiguer. Une véritable régression, en fait. Nécessaire retour à un sentiment de sécurité permettant de renaître, grandir à nouveau.

Je suis donc retournée aux mûres. Devant le succès remporté par la 1e tarte et l’amputation progressive du dernier morceau au fil des passages dans la cuisine où chacun « se coupait une tranchette ». Mais, cette fois, c’est armée d’un bâton que j’y suis allée : l’on avait en effet aperçu la veille un serpent – couleuvre ou  vipère ??? – qui prenait le frais moulé sur une branche de mûrier… Je n’ai point croisé l’affreuse bestiole et la récolte fut encore meilleur que la fois précédente, les mûres pas mûres ayant mûri… L’on a jugé l’œuvre encore plus réussie et elle fut de ce fait plus vite engloutie. La cuisine est un art éphémère.

L’une de mes blonderies de vacances – une liste exhaustive serait trop longue ;o)) – a été d’acquérir, pour honorer les demandes qui m’ont été formulées – un foie gras entier cru et non demi-cuit. Quelle idée, aussi, de leur allouer un conditionnement identique ! Vu le prix, il eut été dommage de le gâcher. Mais je ne me voyais pas dire à mon commanditaire « voilà, y’a plus qu’à le cuire », comme Coluche disait à sa femme « y’a plus qu’à le moudre » du café qu’il lui portait au lit… J’ai donc bénéficié d’une formation accélérée en préparation et cuisson de foie gras au gros sel… Trop facile ;o))))))) Fière, j’étais.

Je n’ai presque plus pleuré. Cicatrisation ou pénurie de larmes ? Le soleil m’a fait du bien. L’océan, les jeux dans les vagues, aussi. J’ai lu. Beaucoup. Ca m’a été salutaire également. D’abord parce que j’ai renoué là avec un plaisir de toujours auquel je ne m’adonne que peu durant l’année, faute de plages horaires suffisamment grandes disponibles. Mais aussi parce que j’ai dévoré LE livre qu’il me fallait, celui qui a mis un mot sur mes craintes, peurs et douleurs, celui qui m’a remis en mémoire celle que j’étais « avant », celui qui m’a confortée dans mes convictions et mes choix. Je n’ai rien appris mais j’ai eu grand bénéfice à voir écrit ce que je ressentais et que j’ai un temps perdu de vue.

C’est le cœur bien serré que j’ai refermé la barrière de la maison derrière moi, au moment de partir. Cette maison que je ne voyais, que je quittais pour la dernière fois. L’an prochain, un autre abri accueillera mes joies et peine de l’année. Sans histoire mais riche de promesses. A nous d’y construire nos souvenirs.

Publicité
Commentaires
Le fil d'Hariane dans le labyrinthe des mots
Publicité
Le fil d'Hariane dans le labyrinthe des mots
Albums Photos
Archives
Publicité